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Le phénomène

Un barrage est un ouvrage artificiel ou naturel (résultant de l’accumulation de matériaux à la suite de mouvements de terrain), établi en travers du lit d’un cours d’eau, retenant ou pouvant retenir de l’eau.
Les barrages ont plusieurs fonctions, qui peuvent s’associer : la régulation de cours d’eau (écrêteurs de crue en période de crue, maintien de niveau minimum des eaux en période de sécheresse), l’irrigation des cultures, l’alimentation en eau des villes, la production d’énergie électrique, la retenue de rejets de mines ou de chantiers, le tourisme et les loisirs, la lutte contre les incendies…
On distingue différents types de barrages selon les matériaux qui les composent et leur profil : remblais de terre et d’enrochements avec profil triangulaire, barrages en maçonnerie ou en béton de type poids ou de type voûte (courbure convexe).
Un barrage n’est pas inerte. Il vit, travaille et vieillit en fonction des efforts auxquels il est soumis. Le risque majeur lié à la présence d’un barrage est la rupture, entraînant l’inondation de la vallée en aval. Il s’agit cependant d’une catastrophe exceptionnelle en Europe de l’Ouest (6 cas recensés depuis 1900).
Plusieurs communes de Vaucluse peuvent être concernées par la rupture de barrages situés en amont du département (Serre-Ponçon sur la Durance, Sainte-Croix, Gréoux et Quinson sur le Verdon) ainsi que ceux situés dans le département du Vaucluse et gérés par la Compagnie Nationale du Rhône (Bollène, Caderousse, Avignon et Vallabrègues sur le Rhône).
Des barrages de taille plus modeste (7 m à 20 m de hauteur) ont également été construits, notamment à Caromb (barrage du Paty), Rustrel, Saint-Saturnin-lès-Apt et Apt (plan d’eau de la Riaille).
Les ruptures de barrage qui ont fait date
On dénombre environ 40 000 barrages dans le monde. Près de 150 ruptures se sont produites depuis les années 1800, dont certaines ont fait plus de 1 000 morts.
En France, la rupture brutale du barrage de Bouzey (Vosges) en avril 1895 a fait 87 victimes. Le 2 décembre 1959 le barrage de Malpasset (Var), implanté sur un bloc rocheux, cède. En cause, de fortes intempéries entraînant la montée des eaux. Bilan : 423 victimes.
En Italie, en 1963, la rupture du barrage de Vajont a fait plus de 2 100 victimes.
Dans les trois accidents cités ci-dessus, la rupture s’est produite lors de la première mise en eau de l’ouvrage.
Depuis ces accidents, la réglementation a considérablement renforcé les dispositifs d’auscultation des ouvrages, d’alerte et d’organisation des secours.
Comment se produirait la rupture ?
La destruction partielle ou totale d’un barrage peut être due à différentes causes :
- techniques : défaut de fonctionnement des vannes permettant l’évacuation des eaux lors de crues ; vices de conception, de construction ou de matériaux, déversoirs de crue sous-dimensionnés, vieillissement des installations ;
- naturelles : séismes, crues exceptionnelles, glissements de terrain (soit de la fondation ou des appuis de l’ouvrage, soit des terrains entourant la retenue et provoquant un déversement sur le barrage) ;
- humaines : insuffisance des études préalables et du contrôle d’exécution, erreurs d’exploitation, de surveillance et d’entretien, malveillance.
Le type de rupture dépend des caractéristiques propres du barrage. Ainsi, elle peut être :
- progressive : dans le cas des barrages en remblais, par érosion régressive, suite à une submersion de l’ouvrage ou à une fuite à travers celui-ci ;
- brutale dans le cas des barrages en béton, par renversement ou par glissement d’un ou plusieurs plots.
Une rupture de barrage entraîne la formation d’une onde de submersion se traduisant par une élévation brutale du niveau de l’eau à l’aval.
Quels sont les barrages dont l’onde de submersion pourrait concerner le Vaucluse ?
La réglementation concernant le classement des barrages et des digues a évolué suite à la parution du décret N° 2007-1735 du 11 décembre 2007. Les barrages sont désormais classés en 4 catégories selon leur hauteur et le volume retenu par le barrage, exprimé en millions de m³ à la cote de retenue normale. Dans le cas des digues de canaux, le volume considéré est celui du bief entre deux écluses ou deux ouvrages vannés.
Les ouvrages de classes A, B ou C sont dotés de consignes de surveillance et de dispositifs d’auscultation. Ils font l’objet, de la part de l’exploitant, de visites techniques approfondies respectivement tous les ans, deux ans et cinq ans au minimum. Ils sont également inspectés périodiquement par la DREAL. Ce texte prévoit également que les barrages de classe A et B doivent faire l’objet d’une étude de danger, qui explique les niveaux des risques pris en compte, détaille les mesures aptes à les réduire et précise les niveaux résiduels une fois mises en œuvre les mesures précitées. Cette étude de danger prend en considération les risques liés aux crues, aux séismes, aux glissements de terrain, aux chutes de blocs et aux avalanches ainsi que les conséquences d’une rupture des barrages.
Les aménagements hydroélectriques de la Compagnie Nationale du Rhône situés sur le fleuve sont : le canal de Donzère qui alimente l’usine-écluse de Bollène, les barrages d’Avignon, Sauveterre et Villeneuve-les-Avignon qui alimentent l’usine d’Avignon, le barrage de Caderousse et son usine.
La rupture d’autres barrages, situés dans des départements voisins, intéressent également certaines communes de Vaucluse :
Serre-Ponçon (Hautes-Alpes), barrage en remblai. C’est la plus grande retenue d’eau d’Europe, d’une hauteur de 123 m et retenant 1 200 millions de m³ d’eau.
Sainte-Croix (Alpes-de-Haute-Provence), barrage voûte de 93 m de hauteur et d’une capacité de retenue de 760 millions de m³.
Quinson (Alpes-de-Haute-Provence), barrage- voûte de plus de 44 m de hauteur et d’une capacité de retenue de 19 millions de m³.
Gréoux (Alpes-de-Haute-Provence), barrage en remblai, 54 m de hauteur et d’une capacité de retenue de 78 millions de m³.
L’onde de submersion de ces quatre barrages concerne plusieurs communes de Vaucluse.
A titre d’exemple, en l’espace de 3 heures, la rupture de Sainte-Croix élèverait de 8 mètres le niveau de la Durance à Pertuis. La rupture de Serre-Ponçon serait ressentie 7 heures après à Pertuis et 12 heures après à Avignon.

Plusieurs barrages de taille plus modeste (7 m à 20 m de hauteur) sont présents dans le Vaucluse.
Les principaux barrages de Vaucluse susceptibles d’avoir des impacts en cas de rupture, malgré leur volume limité, sont les suivants :
- Barrage du Paty : d’une hauteur de 20 m et d’un volume de 260 000 m³, initialement destiné à l’irrigation, il n’a plus qu’un usage de loisirs.
- Barrage de Saint-Saturnin-lès-Apt : d’une hauteur de 16,4 m et d’un volume de 10 000 m³, il a été construit pour un usage d’eau potable, mais n’a qu’un usage touristique.
- Barrage de Rustrel : d’une hauteur de 9,7 m et d’un volume de 180 000 m³, il est destiné à l’irrigation.
- Plan d’eau de la Riaille à Apt : d’une hauteur de 7 m et d’un volume de 215 000 m³, il a été construit pour les loisirs.